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Vincent Bizouerne : « Ğéconomicus : découvrir l’influence de la création monétaire sur les échanges »

« Je m’appelle Vincent BIZOUERNE, j’ai une formation d’ingénieur et j’ai travaillé pendant 10 ans à Grenoble. Fin 2018, j’ai suivi ma compagne dans les DOM (Réunion, Mayotte et Guyane) afin qu’elle réalise son internat de médecine (3 ans). Pour cela, j’ai stoppé mes activités professionnelles. Le mouvement des gilets jaunes m’a questionné et j’ai commencé à lire et à m’intéresser à plusieurs sujets. J’ai découvert beaucoup de causes communes des souffrances et des problèmes, dont le contrôle de la création monétaire. Puis j’ai lu la Théorie Relative de la Monnaie, écrit par Stéphane Laborde, j’avoue qu’il m’a fallu un certains temps pour maîtriser les concepts de la relativité, mais cela m’a plu. Via Césium, je suis rentré en contact avec plusieurs Juniste 974 et j’ai commencé à commercer avec eux. Puis, je me suis demandé comment apporter ma pierre à l’édifice, je me suis dit que j’allais forger des blocs pour faire fonctionner la chaîne de blocs avec un petit ordinateur nommé Raspberry pi et je me suis lancé pour organiser des Ğéconomicus, en fabricant les cartes et supports et en prenant en main son logiciel1 qui simplifie l’animation du jeu et en mettant en évidence sur Ğchange ce que je proposais2

« J’ai animé 6 parties de Ğéconomicus sur l’île, 3 en 2020 et 3 en 2021. Ğéconomicus est un jeu de simulation économique permettant de découvrir l’influence de la création monétaire sur les échanges. Les joueurs y achètent et vendent des valeurs économiques dans le but d’en créer de nouvelles. Le temps est un facteur important du jeu, à plusieurs niveaux, notamment par le cycle de vie des humains et des valeurs. L’intérêt du jeu est surtout de comparer la monnaie dette et la monnaie libre, tel que démontré dans La Théorie Relative de la Monnaie. La durée du jeu en mode Normal est 3 h, je proposais aussi un mode Léger d’1h30, donc après une introduction, je réalisai sur la moitié du temps (1h20 ou 40′) le jeu sur une monnaie, très souvent, je commençais avec la monnaie dette (car les participants comprennent la notion de dette, d’intérêt,…). Cela consisté à 8 tours de quelques minutes (1 tour = 8 ans, avec des participants qui meurent et qui naissent) et donc à la fin de la première partie, une petite pause et après, on réalisait le jeu en monnaie libre. Le jeu nécessite d’avoir un minimum de 6 joueurs et n maximum de 10 joueurs et je me faisais indemniser en June si les participants étaient Cocréateurs de G1 et pour les autres, j’espère que cela les aura inspiré pour participer à l’aventure 😉 »

« Quand j’étais sur la réunion, il y a eu une montée en puissance du moment ou je suis rentrée dans la communauté June (décembre 2019), je pense qu’il y a eu quelques personnes comme Babeth qui ont lancé pas mal de réunions, de rencontres et d’actions qui ont crée une bonne dynamique. Jusqu’à mon départ de la Réunion en avril 2021, j’ai essayé de contribuer à cette dynamique vertueuse. J’espère que cela a continué dans le bon sens et que cela va continuer. Maintenant, je suis installé dans l’Aude (sud de la France), je ne vais pas tarder à me mettre en réseau avec des cocréateurs pour relancer des actions. »

Pour en savoir plus : http://geconomicus.glibre.org

1https://gitlab.com/jytou/geconomicus_helper

2https://www.gchange.fr/#/app/market/view/AXI9RmEaUm73BnXnuQow/974-organisation-de-gconomicus

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Philippe Vincent : « La Monnaie Libre : tentative rafraîchissante dans le domaine de l’économie et de la monnaie. »

Est-ce que tu peux te présenter et nous dire quand et comment tu as découvert la monnaie libre ?

« Je m’appelle Philippe Vincent, je suis artisan numérique et fervent adepte des logiciels libres. La première fois que j’ai entendu parler de la Monnaie Libre, c’est par l’intermédiaire de Stéphane Laborde qui avait présenté ce sujet dans le cadre des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre à Strasbourg en 2011. À l’époque, il avait rédigé la première version de la Théorie Relative de la Monnaie (TRM) et venait vulgariser ses concepts à destination d’un public curieux. Cela m’avait interpellé, sans vraiment tout comprendre. En discutant avec lui, j’ai retenu qu’il cherchait des développeurs capables de l’aider à réaliser une première implémentation sous forme d’un outil numérique. Un logiciel sous licence libre évidemment ! N’ayant pas les compétences nécessaires, je suis resté en retrait, mais j’ai gardé un œil attentif et bienveillant à l’évolution de cet outil. Par la suite, en 2018, c’est sur Agoravox que j’ai regardé des petites vidéos qui montraient que ça devenait opérationnel et à la portée de tous, pas forcément des techniciens ou des grands théoriciens, je me suis alors ré-intéressé à cette expérimentation. Rapidement, en discutant et en trouvant quelques amis réunionnais également intéressés, j’ai pu faire le premier pas, c’est-à-dire créer mon compte portefeuille. Depuis lors, je continue à l’utiliser à intervalles réguliers et participe à la hauteur de mes moyens à quelques

Ğ-marchés. »

Tu animes un forum sur internet, peux-tu nous en parler et nous dire son lien avec la monnaie libre ?

« J’anime avec quelques autres membres un espace de discussion civilisée qui s’appelle Ronkozé.info. Celui-ci est destiné prioritairement aux réunionnais et a pour finalité de discuter autour du thème de la démocratie à l’échelle locale. Un peu un espace fourre-tout dans lequel on pourrait puiser les meilleures idées imaginées et commentées par les citoyens eux-mêmes. Toute solution qui a pour intention de redonner le pouvoir au peuple, l’aider à s’autonomiser, réfléchir, comprendre, débattre, a sa place sur Ronkozé. On essaye, un peu maladroitement, de trouver un lien à l’échelle locale afin d’ancrer ces idées au niveau du territoire réunionnais. Par conséquent, la Monnaie Libre, on en discute sur Ronkozé. Certains (la majorité) sont favorables, tandis que d’autres restent critiques et sceptiques. Le débat reste ouvert. »

Quel regard portes-tu sur le développement de la monnaie libre à la Réunion ?

« Un regard plutôt admiratif. J’ai l’impression que la Réunion est une région française relativement en avance sur ces questions. À l’échelle nationale, les membres junistes à la Réunion, nous représentons une part non négligeable. Je trouve cela très positif et encourageant pour la suite. Bien sûr, beaucoup de choses sont encore à faire. Il y a des difficultés, des solutions pragmatiques à trouver. Le plus dur reste à faire, c’est-à-dire réunir une masse critique de personnes (les junistes) afin de faire démarrer et vivre une véritable économie alternative et séparée de l’Euro. Se nourrir et faire vivre les agriculteurs me parait être la prochaine étape. Du concret. À l’instar des « utopies qui fonctionnent » tels que Wikipedia, OpenStreetMap ou Debian, et même l’esprit de recyclage, de bidouillage et de réparation de nos matériels défaillants, nous sentons collectivement une envie de se réapproprier nos outils au quotidien. Pour moi, l’expérimentation de la Monnaie Libre (la June) est une tentative rafraîchissante dans le domaine de l’économie et de la monnaie. On a tout à gagner à tenter l’expérience. »

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Éric Chane Po Lime : « Professionnaliser la Monnaie Libre avec Éconolibre ! »

Est-ce que tu peux te présenter et nous dire quand et comment tu as découvert la monnaie libre ?

Je suis Éric, informaticien, masseur. Je me forme à la médecine traditionnelle orientale, un de mes futurs métiers. J’ai entendu parler de la monnaie libre par le biais de mon ami Frédéric et j’ai pu assister après plusieurs mois d attente à une présentation à st André, la 1ʳᵉ qui se faisait dans l’Est et le Nord. C’est Babeth qui m’a aidé à créer le compte, ça devait être fin 2019. Il suffit de regarder mon compte membre 😉

Tu collabores avec Econolibre, peux-tu nous parler de ton travail ?

Econolibre travaille à professionnaliser les échanges dans la ML et à avoir plus de professionnels qui proposent des choses en ML (mixtes avec de la monnaie-dette ou uniquement en ML) de façon pérenne. J’ai intégré l’équipe suite au colloque de la santé libre en novembre 2021. J’ai participé à l’élaboration du questionnaire aux professionnels pour les pagesjunes qui devrait sortir cette année. J’essaie de participer à l’organisation des événements. Je fais aussi l’administration des serveurs de l association

Quel regard portes-tu sur le développement de la monnaie libre à la Réunion ?

Un regard plein d’espérance. Elle est bien partie dans le sud et l’ouest du moins. Dans le nord et l’est, c’est très peu dynamique, peut-être parce qu’on a moins de personnes impliquées qui ont de l’espace (organiser un Gmarché demande de l’espace). Les personnes impliquées ont moins de temps ou sont dans un environnement moins propice au développement… c’est-à-dire un environnement plus conservateur de la monnaie-dette ou à l’opposé du don (trop riche pour vendre 😂 en june, je blague). Même à cela, j’ai bon espoir que le sud et l’ouest se développera tellement que le nord et l’est ne pourront que suivre le mouvement 😊. Ou qu’au niveau national et international, ça se développe pour que la population suive. La population réunionnaise a tendance à suivre ce qui se fait ailleurs. Je parle de la masse populaire, pas des groupes de population.

Que penses-tu des autres monnaies alternatives qui voient le jour ?

J’avais plutôt bon espoir sur la monnaie locale qui s’appelle Monnaie Péi* qui est née dans l’année des nuits debout et jusqu’à peu de temps avant le Covid. J’ai même participé à la réflexion. Il y a cette problématique qu’elle reste attachée à une institution, de l’état ou d’une banque et les inconvénients que l’on connaît bien a la Réunion, de la politique politicienne et de leur bon vouloir. Il y a aussi le SEL Réunion, j’ai commencé à l’utiliser, mais ça reste en petit comité, restreint à passer par une association. Je n’ai pas vraiment le temps de m’y impliquer. La présidente de l’asso est bien dynamique en tout cas. Les autres, comme le gouni, je n’ai pas vraiment testé. Ça se rapproche plus d’un site d’échange, comme le sel mais sans la structure associative. Je n’ai pas un avis franc dessus… On va dire que si on compare avec la ML, cela ne dépend que d’une entreprise, celle qui l’a mis en place, et du succès que cela peut avoir comme pour un site marchand, le bon coin, etc.

* www.monnaiepei.re

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Babeth Mangas : « Aller dans le sens de l’autonomie et de la responsabilité »

Comment as-tu découvert la monnaie libre et qu’est ce qui t’a poussé à t’y engager ainsi ?

« J’ai découvert la June au festival « Terre de Convergence » dans les Cévennes lors de l’été 2019, juste avant notre arrivée à la Réunion. Comme je travaille depuis de nombreuses années sur les alternatives, j’ai été enchantée de découvrir cette monnaie, qui avait une portée bien plus vaste que toutes celles que j’avais expérimenté auparavant. Déjà, je n’avais pas besoin d’euro pour avoir de la June et il ne s’agissait pas d’une monnaie locale, ce qui me permettait de l’utiliser partout où je passerai. De plus, le fonctionnement était basé sur un calcul mathématique vérifiable, une comptabilité en toute transparence associée à une philosophie dont l’éthique me correspond totalement, l’équité spatio-temporelle, qui projette son utilisation au-delà des frontières et des générations. Je suis une personne investie pour le changement de paradigme et là, l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. J’en suis toujours autant satisfaite aujourd’hui. »

Toi et ta petite famille nomade avez joué un rôle important dans le développement de la june à la Réunion, aujourd’hui vous êtes repartis en métropole, quel bilan faites-vous de ces 2/3 années au niveau de la monnaie libre ?

« Cela a été pour nous une belle opportunité de rencontrer des gens en recherche d’alternatives, comme nous. Nous sommes plus que satisfaits du nombre d’utilisateurs que notre diffusion a généré, et ravis que le processus se poursuive et se solidifie. Évidemment, nous en sommes encore à la phase expérimentale, je ne manquerai donc pas de suivre les évolutions de la June version 974, aussi bien pour l’analyse sur le long terme que pour le côté purement amical que nous avons particulièrement apprécié. J’ai très peu de recul, car notre retour en métropole est récent, mais je ne manquerai pas de refaire un point bientôt pour comparer le développement avec ce qui se passe dans la région du Gard où je me trouve actuellement. »

Peux-tu me citer les trucs les plus fous que tu as vécus ici ?

« Grâce à la June, j’ai non seulement pu participer à des rencontres inoubliables qui ont créé des liens très forts, mais j’ai aussi bénéficié de massages absolument divins, j’ai pu offrir des vacances à mes enfants et petits enfants, j’ai acheté une baignoire d’angle jacuzzi alors que je vivais en camion, avec Frantz mon compagnon et Léna notre fille, nous avons pu faire une balade en bateau au cours de laquelle j’ai eu la chance de nager avec des dauphins … »

Vous avez organisé un séjour pour votre famille. Qu’avez-vous pu faire en monnaie libre ? Quelles difficultés avez-vous rencontré ?

« Les enfants ont été comblés par leur aventure Réunionnaise mais également par la formule monnaie libriste, car je n’aurais pas pu me permettre de les faire profiter autant dans le contexte de l’euro. Vivant déjà à trois dans un petit fourgon, nous n’avions pas la possibilité de loger quatre personnes. Nous avons pu louer divers hébergements sur différentes zones de l’île, des repas créoles accompagnés de maloya, de la rando et autres visites touristiques, du matériel de plage, une journée brunch au bord de la piscine dans une superbe villa, une soirée orientale avec couscous et ambiance, des vols en parapente, les portraits de la famille par une talentueuse artiste locale… Seul manque qui aurait pu rendre le séjour galère, nous n’avons pas trouvé de véhicule à louer en junes, mais nous nous sommes arrangé avec un ami, qui a été au top et qui nous a accompagné pendant tout le périple. »

Quelles sont les pistes que tu vois pour le développement de la june à la Réunion ?

« Permettre d’aller dans le sens de « l’autonomie et la responsabilité » est un crédo que je porte avec passion et il y a encore grand à faire avant d’aboutir. Le fait de cibler les besoins des utilisateurs et de tenter de les combler avec la monnaie libre est une belle optique. Je vois bien entendu l’alimentation, l’éducation et l’habitat mais également la santé, l’art et la culture (5 des pôles d’activité du projet R.E.V.E.S. que j’ai initié et que je porte depuis 15 ans). Je vois aussi une diffusion progressive sur les îles voisines, la Réunion comme un socle central de promotion et de formation de la monnaie libre au cœur de l’Océan Indien. Des supports de communication plus proches de la culture créole ainsi qu’un annuaire ML974 faisaient partie des objectifs que je m’étais fixé, mais je n’ai pas eu le temps de les concrétiser. Le relais est en place avec toutes les belles énergies qui s’engagent dans cette démarche et je souhaite plein de réussite à la June réunionnaise. »

Est-ce qu’on a des chances de vous recroiser prochainement à la Réunion ?

« Nous avions projeté d’expérimenter la vie sur l’Île durant 2/3 ans et nous avons relevé le défi. Nous avons été très contents de cette aventure mais le monde est vaste et il y a encore tellement d’endroits à visiter. Nous ne savons pas si nous aurons l’occasion de revenir mais rien ne dit non plus que ça ne sera pas le cas, je ne me projette pas encore sur notre prochaine destination. Nous aimerions à présent trouver notre refuge, un bout de terre où planter nos racines et nous avons décidé pour cela de nous rapprocher de notre famille qui vit en métropole. Une fois que notre petit nid douillet sera opérationnel et que nous aurons un lieu où accueillir nos vieux jours, nous pourrons à nouveau nous imaginer en route pour de nouveaux voyages. Et qui sait, peut être passerons-nous par la Réunion. »

Propos recueillis le 30 mars 2022 par Sébastian A.

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Entretien avec Stéphane Laborde, inventeur de la monnaie libre

« Le développement de la monnaie libre Ğ1 témoigne d’un intérêt certain d’êtres humains ayant compris la dangerosité d’utilisation des monnaies non-libres (à création asymétrique dans l’espace et/ou dans le temps), et la volonté de tester effectivement et en pratique, immédiatement et sans attendre, la souveraineté individuelle et collective qui consiste à choisir une unité de mesure économique symétrique dans l’espace-temps. Selon la Théorie Relative de la Monnaie, il faudra au minimum 1 à 3 générations humaines complètes pour en faire un premier bilan, soit entre 80 et 240 ans. 5 ans c’est donc le tout début, l’initialisation, et nous sommes encore loin d’avoir expérimenté une monnaie libre pleine (10 années de Dividendes Universels créés en moyenne par utilisateur).

Le grand projet à court terme, c’est la migration du cœur de la monnaie libre Duniter/Ğ1 actuellement écrit en NodeJS vers une version écrite en RUST/Substrate, qui devrait lui donner une robustesse tant au niveau du code que de la maintenance et des performances, à un niveau tout à fait considérable. »

Dans un contexte international de crise, comment la monnaie libre peut-elle participer à relocaliser les économies ?

« Le contexte international n’est pas plus en crise en 2022 qu’il ne l’était en 2008, en 2000, ou avant. Le contexte international est le reflet de l’utilisation généralisée de monnaies dettes. Telles causes ayant tels effets, on n’élimine les effets qu’en agissant sur les causes. Il ne sert donc à rien d’agir sur une mauvaise récolte, mais de préparer les futures récoltes, en sachant quelles graines on veut planter, pour récolter quels fruits, en choisissant très précisément et très méticuleusement les meilleures graines, tout en accompagnant leur croissance de soins et d’attentions pendant tout le temps du processus de la maturation jusqu’à la période où les fruits seront mûrs pour être récoltés. »

Tu participes au groupe Monnaie Libre LSF, d’où te vient cet intérêt pour la « culture sourde » ?

« Je n’y participe pas activement, mais j’y suis sensible. Je trouve que les sourds et malentendants font preuve de beaucoup d’intérêt et d’énergie pour la compréhension et le développement de la monnaie libre. C’est plutôt donc à eux qu’il faut s’adresser pour leur demander d’où leur vient cette attention particulière. »

Un message à adresser aux junistes de la Réunion ?

« Concernant la Réunion, je crois que c’est une expérience vraiment très intéressante de pouvoir tester la monnaie libre sur une île, territoire délimité, où peut-être on pourra observer le développement d’une économie nouvelle, libérée de l’asymétrie des dettes, à une échelle circonscrite où, peut-être, quelque chose va émerger de totalement nouveau. Sur mon site www.creationmonetaire.info j’ai produit un post il y a quelques années, où je rappelais que c’était un réunionnais Edmond Albius, esclave, qui avait mis au point le procédé d’extraction de la vanille, invention géniale qui ne lui a pas profité à la hauteur de son mérite certainement, vu son statut, et que d’autres avaient d’ailleurs essayé de lui en voler la paternité. Qui plus est l’île est liée au célèbre navigateur La Bourdonnais, dont le petit fils, Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais est un célèbre joueur d’échecs français, considéré un temps comme le meilleur joueur du Monde après sa victoire en 1834 contre l’anglais McDonnell. C’est donc une île qui me fait des appels du pied depuis longtemps et j’espère pouvoir m’y rendre un jour, et qui sait, je pourrai peut-être y échanger alors en monnaie libre ! »

Propos recueillis le 20 mars 2022 par Sébastian A.
Tous nos remerciements à Stéphane Laborde pour sa disponibilité.

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Acteurs Initiatives

Jean-Noël Rouchon : Du matériel informatique en monnaie libre ? C’est possible !

Jean-Noël R., gérant de Mithril Informatique à St-Joseph : « Je gère une société de services informatique, je suis aussi utilisateur et développeur de logiciels libres depuis de nombreuses années, comme agritux, ou zourit… »

Comment avez-vous découvert la monnaie libre ?« C’est un collègue et ami, Philippe Vincent, qui m’en a parlé en premier. C’était en fin 2019. Ça a piqué ma curiosité et j’ai lu les articles du site et le forum de la monnaie libre où j’ai trouvé plein d’informations. J’ai vite été convaincu. Je suis membre cocréateur depuis janvier 2020. Puis Babeth est arrivée, et a donné une super dynamique à la June. J’en ai profité pour commencer à rencontrer du monde… »

Qu’est-ce que le nœud duniter Mithril.re ?« Notre société dispose de plusieurs serveurs pour héberger les sites et applications de nos clients. Nous avons décidé de dédier un petit morceau de serveur pour héberger un nœud duniter. Ce sont les nœuds duniter qui permettent de créer les blocs de la chaîne de bloc de la monnaie libre. Et comme nous sommes un peu loin du reste des nœuds (majoritairement en métropole), nous avons décidé que notre nœud duniter serait ouvert et permettrait aux utilisateurs de s’y connecter. Concrètement, si dans votre application june, cesium par exemple, vous paramétrez le nœud Ğ1.mithril.re, alors les requêtes que fera cesium pour interroger la chaîne de bloc arriveront sur notre serveur de St-Joseph et resteront à la Réunion. »

Que proposez-vous en monnaie libre ?« Nous avons essayé plusieurs modèles, mais pour le moment, nous nous sommes arrêtés sur cette idée : le matériel neuf que nous vendons en euros, peut être acheté en partie en june. Nous appliquons une règle simple : notre coût de revient est à payer en euro et la marge en june. De cette façon, on ne creuse pas trop notre compte en euros. Le matériel d’occasion, quand nous en avons, peut-être acheté intégralement en june. Les services peuvent être facturés intégralement en june. Nous proposons par exemple un abonnement annuel à Zourit, l’hébergement d’un logiciel de gestion, une réparation, etc. »

Avez-vous un message aux utilisateurs de la monnaie libre à La Réunion et à ceux qui hésitent encore à se lancer ? « Ça ne coûte rien d’essayer et ça permet de rencontrer plein de gens super 😉 »

On visite la boutique ? www.mithril.re

Propos recueillis le 15 mars 2022 par Sébastian A.